Sujet délicat… Il renvoie à une multitude de questions. Les
premières : c’est quoi l’homme ? et c’est quoi la nature ?
Tenter de définir ces deux termes c’est déjà faire un grand pas dans
l’élargissement de sa conscience tant ils renvoient à de nombreuses pistes de
réflexion. Ce n’est qu’après avoir avancé sur ces deux définitions qu’on peut
se lancer sur les chemins des relations de l’homme avec la nature, et de nos
différentes visions du monde.
L’HOMME
L’homme, c’est d’abord et surtout un animal. N’en déplaise à
certains, nous sommes le fruit d’une lente et complexe évolution, comme tout le
reste du vivant, et nous ne sommes pas plus « évolués » qu’une plante
ou une bactérie (j’y reviendrai…). Pour nous replacer sur cette échelle de
temps que représente l’évolution des espèces, tachons de discerner le genre Homo
(ce qui nous différencie de nos amis les autres primates) grâce aux récentes
découvertes archéozoologiques et plus précisément en matière de phylogénétique. L’homme
« moderne », Homo sapiens serait apparu il y a environ 200 000
ans alors que le genre Homo il y a environ 2,5 millions d’années.
Dans cet arbre généalogique on remarque que les genres Homo
et Pan (chimpanzés) sont relativement proches. En fait, la
phylogénétique établie aujourd’hui que le génome du genre humain ne diffère que
de 0,27 % de celui des chimpanzés, et de seulement 0,65 % de celui des
gorilles ! Mieux, l’Homo sapiens est l’espèce actuelle la plus
proche des chimpanzés, et inversement ! De quoi redonner son animalité à
l’homme.
J’ai osé dire un peu plus haut que les hommes modernes que
nous sommes n’étaient pas plus « évolués » qu’une plante ou une
bactérie. C’est biologiquement vrai et incontestable. Chaque espèce est adaptée
à son milieu de vie. Parler en termes de supériorité d’une espèce sur une autre
relève de jugements de valeur. Certes, nous possédons des caractères
anatomiques et physiologiques nombreux et complexes, nous permettant entre
autres de communiquer oralement avec nos semblables, de pratiquer des activités
culturelles, de conceptualiser les choses, etc., mais il me semble important de
noter que tous les critères d’évolution permettant de classer les êtres vivants
ont été déterminés par l’homme, et souvent à son avantage. Pourquoi le ratio
poids corporel/poids du cerveau serait un caractère « supérieur » à
celui de la « polyvalence du nez » (qui ravirait surement les
éléphants !). Nous sommes évidemment différents des autres animaux et du
reste du vivant, mais certains s’efforcent à vouloir trouver quelque chose qui
soit propre à l’homme, peut-être dans le but de prouver que nous ne faisons pas
(ou plus) partie de la nature et que nous lui sommes supérieurs. C’est
peut-être vrai, d’ailleurs l’homme est bel et bien le seul être vivant capable
de profondément modifier (mutiler ?) son environnement… C’est vrai pour un
occidental moderne qui semble s’être « éloigné » de la nature et de
sa propre nature, mais nettement moins pour un aborigène du siècle dernier.
Il est donc difficile de définir l’homme en tant que tel,
car d’une culture à l’autre et selon l’évolution de ses pratiques dans le temps,
les conceptions diffèrent. Il est d’autant plus difficile de découvrir chez
l’homme ce qui est constant est fondamental qu’il est impossible d’avoir le
recul nécessaire pour observer des phénomènes auquel le sujet observateur et le
sujet observé sont soumis et influencent leurs modes d’analyses et de pensée en
général. C’est là tout le problème pour définir l’homme… C’est qu’il
conceptualise les choses, lui donnant une infinie variété d’opinions, de prises
de décisions et donc de possibilité d’actions. En résulte l’extraordinaire
diversité culturelle d’aujourd’hui (non sans conséquence…). Pour en finir avec
cette définition de l’homme, disons que l’on comprend aisément que c’est un
animal complexe et qu’il est difficile d’en dégager des caractères qui lui
soient propres, ce qui aura sans doute des conséquences sur les relations qu’il
entretient avec le reste du vivant.
LA NATURE
Et la nature ? La définir me semble tout aussi
compliqué. Même les dictionnaires ne sont pas tous d’accord, et il existerait
une trentaine d’acceptions différentes… Je ne les énumérerai pas, mais disons
que pour certains, la nature c’est tout ce qui vit sur Terre et dans l’Univers,
pour d’autres, c’est tout ce qui est, c’est l’existence des choses, pour
d’autres encore, c’est l’essence d’une chose, ce qui caractérise tout… En fait,
il existe selon moi autant de définitions de la nature que d’individus sur
Terre (ou ailleurs ?). Chacun de nous possède un bagage culturel et un
vécu personnel qui permet de conceptualiser ce qui nous entoure. Cela influe en
retour sur notre personnalité, nos émotions, etc., nous permettant de faire
évoluer sans cesse notre perception du monde.
Il existe néanmoins deux courants de pensée qui définissent
la nature de manière radicalement différente, et qui s’imposent plus ou moins
comme « modèle ». Il s’agit de la vision religieuse et de celle des
sciences. La première rapproche la nature à la Création divine, et dont toute
chose sur Terre serait issue, dont l’homme qui possède un statut privilégié,
supérieur au reste du vivant qu’il doit dominer pour subsister. « Dieu
les bénit et dit : soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la Terre et
soumettez-là ; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous
les animaux qui rampent sur la terre. » (Genèse 1:28). Ça fait peur… La
science, quant à elle, se veut conceptualiser le monde au sens large (la vie
sur Terre et tout l’Univers) comme un ensemble de processus mécanique, de lois
explicables et vérifiables, en laissant peu de place au mystère.
Deux autres conceptions de la nature mériteraient aussi
d’être abordées : celle de nature « sauvage » et de nature
« maitrisée ». La première, hostile et inextricable, fait peur. On ne
s’y sent pas en sécurité. Elle peut parfois paraitre dégoutante, sale (marais,
jungle) ou dangereuse (la nuit, la montagne) et beaucoup d’histoires et de
croyances entretiennent cette perception d’une nature hostile qui n’est pas
faite pour l’homme. La seconde est plus sécuritaire. Elle n’est pas dangereuse
car elle est choisie et gérée par l’homme. Elle est belle, permet de se
ressourcer au calme sans avoir à s’en méfier. On peut l’admirer en se disant
que la vie est belle. Ces morceaux de nature choisie sont le reflet d’une
partie de nous refoulée : en choisissant la « belle nature
propre », on choisit de rejeter notre propre nature et donc nos émotions
plus sombres (angoisse, colère…), ainsi que tout ce qui est de l’ordre du
spontané. Tout doit être calculé, réfléchi, le virtuel prend le dessus sur le
réel.
LES RELATIONS
Ainsi, de multiples définitions de l’« homme » et
de multiples définitions de « la nature » induisent de multiples
relations entre eux. Et au fil du temps, ces relations ont beaucoup évolué. On
pourrait se poser la question : comment en sommes-nous arrivés là aujourd’hui ?
Pour tenter d’y répondre, on pourrait dresser un bref historique de l’évolution
des perceptions du monde à différents instants clés dans l’histoire de l’homme.
Bien sûr, on ne sait rien de ce que les premiers Homo
sapiens pensaient du monde qui les entourait. On peut néanmoins imaginer
qu’ils vivaient avec nature plutôt que contre, se nourrissant des produits de
leurs cueillettes et de la chasse, Mère nature étant généreuse. Une relation
plutôt harmonieuse qui aurait pris fin dès l’apparition de l’agriculture. En
effet, il s’agit d’une période clé au cours de laquelle l’homme prend
conscience de la possibilité de modifier son milieu pour se nourrir et assurer
ses besoins vitaux. Mais l’homme de cette époque paléolithique n’est pas passé
brutalement de l’état de fusion avec la nature à celui de lutte contre elle, il
s’en est plutôt progressivement détaché. Les archéologues datent cette prise de
conscience il y a environ 100 000 ans grâce à la découverte de sépultures
et de parures qui témoignent d’une révolution d’ordre symbolique.
Avec la révolution néolithique, les hommes ont eu la
possibilité de vivre au quotidien sans avoir à rechercher leur nourriture, ce
qui a constitué un profond changement considéré comme un début de séparation
avec la nature. La mise en culture des plantes et la domestication des animaux ont
eu pour conséquence un changement dans l’organisation sociale et religieuse de
ces hommes qui peu à peu ont hiérarchisé leur société. Cette dernière évoluera pour
devenir productiviste, expansionniste et conflictuelle.
La vision symbolique de la Terre-Mère bienfaitrice et
féconde laisse peu à peu place aux dieux guerriers avec l’indo-européanisation.
La société devient patriarcale et dominée par les mâles. Les sociétés agricoles
évoluent vite en cités fortifiées pour lutter contre l’invasion ennemie, où il
est aussi question de lutter contre les éléments naturels (orages, inondations,
sècheresses…), donc contre la nature. On retrouvera cette domination des
valeurs masculines un peu partout dans le monde, notamment au Japon, sans doute
liée aux guerres inévitables, conséquence de la production et du stockage de la
nourriture. C’est peut-être dès lors qu’on commence à parler d’« homme »
pour parler de l’espèce humaine.
Le statut de guerrier devient rapidement respecté, presque
vénéré. L’homme mâle se considère peu à peu comme un dieu, et avec la vision
d’un Dieu mâle tout puissant créateur de toute chose et possédant toute
puissance sur la Terre-Mère s’installe la tradition judéo-chrétienne. Jusqu’à
la fin du Moyen Age, on prie Dieu le Père de rendre la Terre-Mère féconde et
productive pour les hommes. Plus tard, lors de la réforme protestante du XVIe
siècle, notre rapport au monde prend un nouveau tournant. La nature est
désacralisée au profit du progrès technologique et du développement économique qui
rendent l’argent et les biens matériels symboliquement plus forts que le
patrimoine naturel.
Avec la science au
XVIIe siècle, la nature sera littéralement reléguée au rang
d’« objet », considérant que toute la vie est une création certes divine
mais obéissant mécaniquement à des lois immuables. Le monde est vu comme une
grande machinerie dont Dieu serait le mécanicien tout puissant. A cette époque,
plus le temps passe, plus on découvre des choses sur la vie et son
fonctionnement, si bien que Dieu a de moins en moins sa place dans la
conscience collective. L’homme se retrouve peu à peu replacé au sommet de
l’évolution dont les processus sont de mieux en mieux compris.
La perte de traditions cérémoniales et de pratiques
religieuses communes liées à la nature donne naissance au XVIIIe siècle à
différentes formes individuelles d’expressions de ses sentiments vis-à-vis de
la nature. « Romantisme », « esthétisme » ou encore « poétisme »
en sont les fruits. Il est intéressant de noter que ces courants de pensée,
considérés comme une expression d’un « retour à la nature », naissaient
en même temps que l’« industrialisation ». Alors que l’une, d’origine
matérialiste, commence à souiller la nature, l’autre, à contre-courant,
s’efforce à puiser en l’homme toute l’expression de ses émotions d’ordre
naturel et spontané (peintures, écritures, art en général).
C’est aujourd’hui ces deux représentations du monde qui ont
le plus cours dans nos sociétés. D’une part, un monde où la nature est une
source de matière première corvéable à merci, de l’autre un monde issu des
courants littéraires et artistiques : l’écologie et le naturalisme. Il
s’agit d’une vision ethnocentriste occidentale bien sûr, mais ô combien effusive
dans un nombre toujours plus croissant de sociétés traditionnelles
(Amérindiens, Asie du Sud-Est, etc.), surtout en ce qui concerne l’industrialisation
et le capitalisme sous-jacent.
Il serait beaucoup trop long d’aborder les différentes
représentations du Monde dans les différentes ethnies. Pour aller plus loin :
quand d’autres hommes peuplaient la Terre, nouveaux regards sur nos origines
(Hublin, J.J et Seytre, 2008) ; L’âme de la nature (Sheldrake, 2001).
Bons articles, avez-vous entendu parler de LFDS (Le_Meridian Funding Service, Email: lfdsloans@outlook.com - Contact WhatsApp: +1-9893943740--lfdsloans@lemeridianfds.com) est en tant que service de financement USA / UK ils m'accordent un prêt de 95,000.00 $ pour lancer mon entreprise et je les paie annuellement depuis deux ans maintenant et il me reste 2 ans bien que j'aime travailler avec eux car ce sont de véritables prêteurs qui peuvent vous accorder tout type de prêt.
RépondreSupprimer