samedi 29 décembre 2012

Retrouvailles en famille

C'est avec un plaisir partagé et un sentiment d'amitiés naissantes que nous (les élèves) nous sommes retrouvés ce jour là. C'est notre 3ème week-end autour des plantes, et l'on sent que la "mayonnaise" est déjà en train de prendre. Le groupe se soude tout en continuant à se découvrir et à découvrir les plantes.

Cela corrèle bien avec le thème de ce week-end : les familles, présentations des principales familles de plantes à fleurs. Objectifs : apprendre à reconnaître les principales caractéristiques des familles de plantes.

Cela présente l'intérêt de reconnaître plus facilement l'appartenance d'une espèce à un groupe parmi 266 800 espèces d'Angiospermes (1). Eh oui ! S'il fallait, à chaque cueillette ou trouvaille, recommencer tout le processus de détermination depuis le début (ça peut être très long suivant la flore utilisée), on perdrait beaucoup de temps.
Cela peut également s'avérer utile lors de voyages à l'étranger si l'on ne dispose pas de tout le nécessaire pour déterminer précisément une espèce locale. Si l'on sait par exemple reconnaître de façon certaine une espèce inconnue de la famille des Lamiacées (famille de la menthe, du thym, de la lavande, etc.), on peut, à priori, l'utiliser sans danger, cette famille ne présentant aucune espèce toxique (dans nos régions).

Entre théorie en salle et atelier pratique sur le terrain, nous avons découvert 12 familles, parmi 414 ! Deux journées entières pour découvrir les caractéristiques de 12 familles, combien nous en faudra-t-il pour les 402 autres ? Toute une vie sans doute. Et qui plus est, cela ne représente que les Angiospermes (donc hors conifères, algues, champignons, mousses, qui sont autant de mondes à part entière...). Le travail de toute une vie donc, ou plutôt une passion à vivre au quotidien qui me fait soudain penser à une citation : "ce n'est pas le but qui compte, c'est le chemin" (tirée du film Danse avec lui de Valérie Guignanbodet en 2007).






(1) Trois critères définissent les Angiospermes : regroupement des organes reproducteurs en fleurs bisexuées ; un ovaire entourant complètement le ou les ovule(s) (d'où le nom Angiosperme, de aggeion, petite urne), cet ovaire donnant à maturité un fruit ; le sac embryonnaire situé dans l'ovule qui est le siège d'une double fécondation (l'une à l'origine de l'embryon, l'autre à l'origine de l'albumen).

lundi 26 novembre 2012

Les plantes sont-elles une fin en soi ?


Comme tous les samedis soir, après le repas, nous avons la possibilité d’aborder un sujet – polémique ou non – sur différents thèmes en lien avec la nature et les plantes. Cette semaine : « les plantes sont-elles une fin en soi ? »

D’après Kant (philosophe du XVIIIe siècle) « rien n’est fin en soi, si ce n’est l’être raisonnable ». A cette époque, il faisait bien sûr allusion à l’homme en tant qu’être doué de raison. « Tout le reste n’est que moyens », donc la nature, les objets, etc. En voila une vision anthropocentriste ! Il attribue donc une valeur absolue à l’homme, et relative à toute autre chose.

Que se passe-t-il si l’on admet que l’homme fait partie de la nature, et qu’on lui attribue donc la même valeur qu’aux plantes par exemple ? Autrement dit : peut-on dire que les plantes ont une valeur absolue au même titre que les hommes ?

Pour tenter de répondre à cela, il faudrait avoir une vision d’ensemble des valeurs culturelles, des courants de pensées et donc des relations aux plantes et leurs symboliques dans les différentes ethnies du monde et à travers l’histoire. En cela, la question « les plantes sont-elles une fin en soi ? » peut être une bonne introduction à la perception de l’ethnobotanique. L’ethnobotanique n’est pas restreinte à la simple « plante sauvage comestible ou médicinale », mais sous-entend aussi une symbolique forte, comme par exemple le moyen de communiquer avec les esprits et d’accéder au « Savoir » chez certains peuples, ou la simple relation d’amitié que l’on peut nouer avec une plante verte chez soi.

En tout cas, les plantes sont un moyen de nourrir et de soigner son corps et son esprit. Peut-on alors parler de fin en soi ? Je pense que l’on peut percevoir le fait que nous intéresser aux plantes pour les utiliser se révèle rapidement n’être qu’un point de départ vers l’exploration du Monde au sens le plus large.

Phylogénétique et nomenclature


Actuellement, pour classer les êtres vivants, nous recherchons « l’ancêtre commun », on parle de « classification phylogénétique » (de phylum : lignée) Plus les organismes possèdent de caractères, notamment génétiques, communs, plus ils tendent à être proches sur les branches de « l’arbre généalogique » du Vivant. On apprend par exemple que les crocodiles ont plus de gènes en communs avec les oiseaux qu’avec les lézards ! Ou que l’otarie a plus de gènes en commun avec l’ours qu’avec le phoque !

Pour appréhender ce processus, il faut comprendre comment la vie « primitive » s’est organisée et transformée au fil du temps en ce que l’on connait aujourd’hui. Rien ne vaut un petit schéma.


Dans cet exemple (assez complexe), apparait une échelle de temps. C’est intéressant car si on prend le cas des bactéries, dont les ancêtres seraient, d’après le schéma, à l’origine de toute la biodiversité sur Terre, on se rend compte que même si ce sont des organismes dits « primitifs », ils n’en demeurent pas moins aussi « évolués » que n’importe quel autre groupe ! Autrement dit : les bactéries ont le même degré d’évolution que nous ! Ces bactéries, considérées comme « primitives », sont partout et d’une importance capitale. Dans la terre, dans l’eau, dans l’air et dans tous les êtres vivants, elles ont une importance considérable dans les processus biogéochimiques comme le cycle du carbone, le métabolisme ou la fermentation.

Et nous alors ? Derniers apparus sur Terre… être vivants les plus évolués ? Ou derniers de la classe ?
Peu importe pour l’instant, c’est de plantes qu’il s’agit.

Dans la classification actuelle, les plantes sont définies, pour simplifier, comme « l’ensemble des organismes qui pratiquent la photosynthèse, possèdent des molécules de chlorophylles a et b, qui conservent les produits de la photosynthèse dans les chloroplastes dans lesquels ils sont produits et dont les parois cellulaires sont faites de cellulose ». Cette définition est importante car du coup, elle exclut certaines algues, les lichens (symbiose entre une algue et un champignon) et surtout… les champignons ! Ces derniers représentent maintenant un règne à part entière, encore assez mal connu tant la diversité est grande (dans 1 gramme de terre, jusqu’à 1 milliard de micro-organismes ; dans une poignée de terre, jusqu’à 1 million de champignons, en parlant d’individus, pas d’espèces).

Des algues jusqu’aux plus belles orchidées, en passant par les mousses, les fougères et les conifères, tout ce petit monde, d’une extraordinaire diversité, ne représente que 15 % du nombre des espèces. Il affiche tout de même environ 450 000 espèces recensées ! On estime le nombre total d’espèces vivantes entre 5 et 30 millions. Nous n’en connaissons qu’environ 2 millions. On estime d’autre part que, depuis l’origine connue du Vivant, 1/1000 des espèces ayant existé sont encore vivantes aujourd’hui. La science a de belles années devant elle… je me répète non ?

On comprend mieux alors l’intérêt de classer, nommer et décrire de façon consensuelle si on veut s’y retrouver.
Cela n’a pas toujours été le cas : une plante peut, par exemple, porter un autre nom et être utilisée totalement différemment d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, voire même entre deux vallées voisines ! Aujourd’hui, l’approche scientifique tente de présenter les choses d’une façon unique et « objective », tandis que se perpétuent des traditions transmises de génération en génération.
Peut-on imaginer qu’un jour, tous les êtres humains nommeront les choses de la même manière ? Parleront un langage commun (espéranto) ? Personnellement, je ne le souhaite pas. On a tendance à vouloir standardiser les choses, le complexe dérange. Cela signerait la fin de la mémoire orale des relations à la nature.

Pour l’heure, je me dois d’acquérir des notions de grec et de latin afin de voir de quelles façons l’homme a établi des relations avec le Vivant à travers l’étymologie, car cette dernière est souvent significative d’une représentation caractéristique physique ou symbolique de la plante, ou même de toute chose.

Des boites, des cases, des tiroirs


Lors de ce deuxième week-end de formation, nous avons, entre autres, tenté de répondre à la question suivante : « qu’est-ce qui peut bien pousser les scientifiques, et plus généralement les hommes, à vouloir tout classer, tout mettre dans des boites, bien étiquetées ? »
Curiosité ? C’est indéniable ! Notre soif de connaissances nous a permis de développer les sciences. Mais pas que…
On classe aussi par souci d’efficacité. Parler un langage commun, avoir des références précises et communes nous a semblé, à un moment de l’histoire, essentiel, si tant est qu’on veuille communiquer à plusieurs, partager et donner des indications. En effet, on classe même si on vit seul, ne serait-ce que pour différencier le comestible du toxique par exemple.

Les hommes classent les choses depuis toujours. La classification est le reflet de la représentation qu’ils se font de leur environnement suivant leurs croyances, leurs utilités, les moyens matériels et technologiques à leur disposition à leurs époques respectives.
De théories en idéologies né, à l’Antiquité, un « esprit de système ».
Aujourd’hui encore, la classification évolue et elle évoluera toujours, grâce notamment aux découvertes scientifiques et à l’évolution de nos perceptions, bien que quelquefois, les limites de notre esprit butent sur l’infinie complexité du monde.
Mais malgré les remarquables avancées en matière de compréhension des origines du Vivant et de son évolution, nous n’en sommes qu’aux balbutiements. La science a de belles années devant elle.

mardi 9 octobre 2012

Et si tout le monde cueillait ?


Chaque samedi soir, après le repas, nous avons la possibilité d’aborder un sujet -polémique ou non- sur différents thèmes en lien avec la Nature et les plantes.
Cette semaine : « la cueillette, est-ce bon pour la Nature ? »

Après presque 2h de discussion animée, nous n’avons évidemment pas répondu à la question, qui en a plutôt soulevé d’autres… Nous avons d’abord défini ce qu’est la cueillette et sous quelles formes elle se pratique, puis de quoi on parle lorsqu’on utilise le terme « Nature », puis, de notre point de vue, ce qui est bon ou mauvais. Il a fallu considérer aussi une l’échelle de temps de référence, la conjoncture actuelle, etc…

Alors est-ce bon pour la Nature que de cueillir ? Aujourd’hui convaincus de notre supériorité sur notre environnement naturel, nous exerçons une pression toujours plus forte sur le milieu. Un courant de conscience à l’air de s’élever. Il s'agit de trouver un équilibre entre engouement, agriculture et protection de l'environnement. Il faudra être attentif face au business et à la cueillette commerciale en gardant aussi à l’esprit que la Nature n’a pas besoin de nous pour être sauvée ! C’est l’Homme qui courre à sa perte…
Fait-il lui-même partie de la Nature ?
Encore une question qui mérite quelques heures de discussion…

Zygomorphe et compagnie


Après nous être présentés, nous avons étudié l’art et la manière d’effectuer un herbier, et avons acquis les bases pour la confection de notre propre herbier des 50 plantes que nous choisirons et étudierons sur les trois ans.

A la suite de cela, nous sommes rentrés dans le vif du sujet avec un des thèmes les plus denses qui nous sera donné de découvrir, mais dont les bases nous permettront de parler un langage commun pour définir et identifier les plantes : LA TERMINOLOGIE BOTANIQUE ! (vocabulaire spécifique aux caractéristiques des plantes).

Entre pétioles ailés, feuilles cunéiformes à nervations réticulées, fleurs zygomorphes et autres gynécées, nous avons pu d’une part effleurer la foultitude de noms bizarres que les scientifiques ont dégoté pour décrire les plantes avec précision et éviter les confusions ; d’autre part nous rendre compte à quel point il est utopique de penser que la Nature, dans son extrême complexité, soit 100% codifiable. On ne peut pas tout « ranger dans des petites cases ».

Nous avons aussi abordé, de manière tout à fait atypique, les fruits (= ovaire arrivé à maturité). Si bien que nous savons maintenant que la fraise n’est pas un fruit strico sensu, pas plus que le haricot vert n’est un légume ! Rappel des cours de biologie du collège : une fleur, pour peu qu’elle ne soit pas stérile (et donc qu’elle contienne un ovaire), donnera un fruit ! Notre haricot est donc un fruit -une gousse pour être précis-. Et la fraise alors ? Elle est en fait un faux-fruit : c’est le réceptacle de la fleur qui devient charnu. Les petits « pépins » sur la fraise (ceux qui restent entre les dents) sont les vrais fruits -des akènes précisément-.
Bref, la diversité ne manque pas, l’étude des fruits est même une spécialisation à part entière de la botanique, c’est dire !

Une rentrée pas comme les autres


29 Septembre, dans une ancienne école réhabilitée pour l’occasion dans l’ouest lyonnais, 28 élèves venus des quatre coins de la France et de la Suisse, de tous les âges et d’horizons bien différents s’apprêtent à recevoir un enseignement à la fois pratique et théorique, basé sur le contact direct avec les plantes.

28 passionnés ou tout simplement amoureux de Nature, dans une ambiance professionnelle mais chaleureuse, orchestrée entre autre par François Couplan, ethnobotaniste et écrivain, qui enseigne les savoirs populaires liés à l’utilisation des plantes depuis près de 40 ans.

J’ai la chance d’être de ceux-là ! De me lancer dans une aventure de trois ans dans laquelle il sera question de plantes bien sûr, mais pas que…

Bien plus qu’une formation sur les plantes, le Collège Pratique d’Ethnobotanique -c’est son petit nom- se veut autant une école de vie, ou plutôt du vivant, que de partage, où chaque élève pourra mettre à profit son savoir et son expérience sous forme d’exposé en plus des cours dispensés par les nombreux autres intervenants.

Pourquoi, me direz-vous ? Pour tenter d’apporter des éléments de réponse à une question ô combien fondamentale : « que sommes-nous venus faire ici bas ? ». Ca ne sera pas une mince affaire…
Pour nous aider : ethnologie, médecine, sociologie, cuisine seront autant d’approches abordées, avec toujours en trame de fond, les plantes.

Cette formation s’annonce passionnante et riche d’enseignement !