samedi 29 juin 2013

L'homme e(s)t la nature


Sujet délicat… Il renvoie à une multitude de questions. Les premières : c’est quoi l’homme ? et c’est quoi la nature ? Tenter de définir ces deux termes c’est déjà faire un grand pas dans l’élargissement de sa conscience tant ils renvoient à de nombreuses pistes de réflexion. Ce n’est qu’après avoir avancé sur ces deux définitions qu’on peut se lancer sur les chemins des relations de l’homme avec la nature, et de nos différentes visions du monde.


L’HOMME
L’homme, c’est d’abord et surtout un animal. N’en déplaise à certains, nous sommes le fruit d’une lente et complexe évolution, comme tout le reste du vivant, et nous ne sommes pas plus « évolués » qu’une plante ou une bactérie (j’y reviendrai…). Pour nous replacer sur cette échelle de temps que représente l’évolution des espèces, tachons de discerner le genre Homo (ce qui nous différencie de nos amis les autres primates) grâce aux récentes découvertes archéozoologiques et plus précisément en matière de phylogénétique. L’homme « moderne », Homo sapiens serait apparu il y a environ 200 000 ans alors que le genre Homo il y a environ 2,5 millions d’années.



Dans cet arbre généalogique on remarque que les genres Homo et Pan (chimpanzés) sont relativement proches. En fait, la phylogénétique établie aujourd’hui que le génome du genre humain ne diffère que de 0,27 % de celui des chimpanzés, et de seulement 0,65 % de celui des gorilles ! Mieux, l’Homo sapiens est l’espèce actuelle la plus proche des chimpanzés, et inversement ! De quoi redonner son animalité à l’homme.

J’ai osé dire un peu plus haut que les hommes modernes que nous sommes n’étaient pas plus « évolués » qu’une plante ou une bactérie. C’est biologiquement vrai et incontestable. Chaque espèce est adaptée à son milieu de vie. Parler en termes de supériorité d’une espèce sur une autre relève de jugements de valeur. Certes, nous possédons des caractères anatomiques et physiologiques nombreux et complexes, nous permettant entre autres de communiquer oralement avec nos semblables, de pratiquer des activités culturelles, de conceptualiser les choses, etc., mais il me semble important de noter que tous les critères d’évolution permettant de classer les êtres vivants ont été déterminés par l’homme, et souvent à son avantage. Pourquoi le ratio poids corporel/poids du cerveau serait un caractère « supérieur » à celui de la « polyvalence du nez » (qui ravirait surement les éléphants !). Nous sommes évidemment différents des autres animaux et du reste du vivant, mais certains s’efforcent à vouloir trouver quelque chose qui soit propre à l’homme, peut-être dans le but de prouver que nous ne faisons pas (ou plus) partie de la nature et que nous lui sommes supérieurs. C’est peut-être vrai, d’ailleurs l’homme est bel et bien le seul être vivant capable de profondément modifier (mutiler ?) son environnement… C’est vrai pour un occidental moderne qui semble s’être « éloigné » de la nature et de sa propre nature, mais nettement moins pour un aborigène du siècle dernier.

Il est donc difficile de définir l’homme en tant que tel, car d’une culture à l’autre et selon l’évolution de ses pratiques dans le temps, les conceptions diffèrent. Il est d’autant plus difficile de découvrir chez l’homme ce qui est constant est fondamental qu’il est impossible d’avoir le recul nécessaire pour observer des phénomènes auquel le sujet observateur et le sujet observé sont soumis et influencent leurs modes d’analyses et de pensée en général. C’est là tout le problème pour définir l’homme… C’est qu’il conceptualise les choses, lui donnant une infinie variété d’opinions, de prises de décisions et donc de possibilité d’actions. En résulte l’extraordinaire diversité culturelle d’aujourd’hui (non sans conséquence…). Pour en finir avec cette définition de l’homme, disons que l’on comprend aisément que c’est un animal complexe et qu’il est difficile d’en dégager des caractères qui lui soient propres, ce qui aura sans doute des conséquences sur les relations qu’il entretient avec le reste du vivant.


LA NATURE
Et la nature ? La définir me semble tout aussi compliqué. Même les dictionnaires ne sont pas tous d’accord, et il existerait une trentaine d’acceptions différentes… Je ne les énumérerai pas, mais disons que pour certains, la nature c’est tout ce qui vit sur Terre et dans l’Univers, pour d’autres, c’est tout ce qui est, c’est l’existence des choses, pour d’autres encore, c’est l’essence d’une chose, ce qui caractérise tout… En fait, il existe selon moi autant de définitions de la nature que d’individus sur Terre (ou ailleurs ?). Chacun de nous possède un bagage culturel et un vécu personnel qui permet de conceptualiser ce qui nous entoure. Cela influe en retour sur notre personnalité, nos émotions, etc., nous permettant de faire évoluer sans cesse notre perception du monde.

Il existe néanmoins deux courants de pensée qui définissent la nature de manière radicalement différente, et qui s’imposent plus ou moins comme « modèle ». Il s’agit de la vision religieuse et de celle des sciences. La première rapproche la nature à la Création divine, et dont toute chose sur Terre serait issue, dont l’homme qui possède un statut privilégié, supérieur au reste du vivant qu’il doit dominer pour subsister. « Dieu les bénit et dit : soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la Terre et soumettez-là ; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. » (Genèse 1:28). Ça fait peur… La science, quant à elle, se veut conceptualiser le monde au sens large (la vie sur Terre et tout l’Univers) comme un ensemble de processus mécanique, de lois explicables et vérifiables, en laissant peu de place au mystère.

Deux autres conceptions de la nature mériteraient aussi d’être abordées : celle de nature « sauvage » et de nature « maitrisée ». La première, hostile et inextricable, fait peur. On ne s’y sent pas en sécurité. Elle peut parfois paraitre dégoutante, sale (marais, jungle) ou dangereuse (la nuit, la montagne) et beaucoup d’histoires et de croyances entretiennent cette perception d’une nature hostile qui n’est pas faite pour l’homme. La seconde est plus sécuritaire. Elle n’est pas dangereuse car elle est choisie et gérée par l’homme. Elle est belle, permet de se ressourcer au calme sans avoir à s’en méfier. On peut l’admirer en se disant que la vie est belle. Ces morceaux de nature choisie sont le reflet d’une partie de nous refoulée : en choisissant la « belle nature propre », on choisit de rejeter notre propre nature et donc nos émotions plus sombres (angoisse, colère…), ainsi que tout ce qui est de l’ordre du spontané. Tout doit être calculé, réfléchi, le virtuel prend le dessus sur le réel.


LES RELATIONS
Ainsi, de multiples définitions de l’« homme » et de multiples définitions de « la nature » induisent de multiples relations entre eux. Et au fil du temps, ces relations ont beaucoup évolué. On pourrait se poser la question : comment en sommes-nous arrivés là aujourd’hui ? Pour tenter d’y répondre, on pourrait dresser un bref historique de l’évolution des perceptions du monde à différents instants clés dans l’histoire de l’homme.

Bien sûr, on ne sait rien de ce que les premiers Homo sapiens pensaient du monde qui les entourait. On peut néanmoins imaginer qu’ils vivaient avec nature plutôt que contre, se nourrissant des produits de leurs cueillettes et de la chasse, Mère nature étant généreuse. Une relation plutôt harmonieuse qui aurait pris fin dès l’apparition de l’agriculture. En effet, il s’agit d’une période clé au cours de laquelle l’homme prend conscience de la possibilité de modifier son milieu pour se nourrir et assurer ses besoins vitaux. Mais l’homme de cette époque paléolithique n’est pas passé brutalement de l’état de fusion avec la nature à celui de lutte contre elle, il s’en est plutôt progressivement détaché. Les archéologues datent cette prise de conscience il y a environ 100 000 ans grâce à la découverte de sépultures et de parures qui témoignent d’une révolution d’ordre symbolique.
Avec la révolution néolithique, les hommes ont eu la possibilité de vivre au quotidien sans avoir à rechercher leur nourriture, ce qui a constitué un profond changement considéré comme un début de séparation avec la nature. La mise en culture des plantes et la domestication des animaux ont eu pour conséquence un changement dans l’organisation sociale et religieuse de ces hommes qui peu à peu ont hiérarchisé leur société. Cette dernière évoluera pour devenir productiviste, expansionniste et conflictuelle.

La vision symbolique de la Terre-Mère bienfaitrice et féconde laisse peu à peu place aux dieux guerriers avec l’indo-européanisation. La société devient patriarcale et dominée par les mâles. Les sociétés agricoles évoluent vite en cités fortifiées pour lutter contre l’invasion ennemie, où il est aussi question de lutter contre les éléments naturels (orages, inondations, sècheresses…), donc contre la nature. On retrouvera cette domination des valeurs masculines un peu partout dans le monde, notamment au Japon, sans doute liée aux guerres inévitables, conséquence de la production et du stockage de la nourriture. C’est peut-être dès lors qu’on commence à parler d’« homme » pour parler de l’espèce humaine.

Le statut de guerrier devient rapidement respecté, presque vénéré. L’homme mâle se considère peu à peu comme un dieu, et avec la vision d’un Dieu mâle tout puissant créateur de toute chose et possédant toute puissance sur la Terre-Mère s’installe la tradition judéo-chrétienne. Jusqu’à la fin du Moyen Age, on prie Dieu le Père de rendre la Terre-Mère féconde et productive pour les hommes. Plus tard, lors de la réforme protestante du XVIe siècle, notre rapport au monde prend un nouveau tournant. La nature est désacralisée au profit du progrès technologique et du développement économique qui rendent l’argent et les biens matériels symboliquement plus forts que le patrimoine naturel.

Avec la science au XVIIe siècle, la nature sera littéralement reléguée au rang d’« objet », considérant que toute la vie est une création certes divine mais obéissant mécaniquement à des lois immuables. Le monde est vu comme une grande machinerie dont Dieu serait le mécanicien tout puissant. A cette époque, plus le temps passe, plus on découvre des choses sur la vie et son fonctionnement, si bien que Dieu a de moins en moins sa place dans la conscience collective. L’homme se retrouve peu à peu replacé au sommet de l’évolution dont les processus sont de mieux en mieux compris.

La perte de traditions cérémoniales et de pratiques religieuses communes liées à la nature donne naissance au XVIIIe siècle à différentes formes individuelles d’expressions de ses sentiments vis-à-vis de la nature. « Romantisme », « esthétisme » ou encore « poétisme » en sont les fruits. Il est intéressant de noter que ces courants de pensée, considérés comme une expression d’un « retour à la nature », naissaient en même temps que l’« industrialisation ». Alors que l’une, d’origine matérialiste, commence à souiller la nature, l’autre, à contre-courant, s’efforce à puiser en l’homme toute l’expression de ses émotions d’ordre naturel et spontané (peintures, écritures, art en général).

C’est aujourd’hui ces deux représentations du monde qui ont le plus cours dans nos sociétés. D’une part, un monde où la nature est une source de matière première corvéable à merci, de l’autre un monde issu des courants littéraires et artistiques : l’écologie et le naturalisme. Il s’agit d’une vision ethnocentriste occidentale bien sûr, mais ô combien effusive dans un nombre toujours plus croissant de sociétés traditionnelles (Amérindiens, Asie du Sud-Est, etc.), surtout en ce qui concerne l’industrialisation et le capitalisme sous-jacent.

Il serait beaucoup trop long d’aborder les différentes représentations du Monde dans les différentes ethnies. Pour aller plus loin : quand d’autres hommes peuplaient la Terre, nouveaux regards sur nos origines (Hublin, J.J et Seytre, 2008) ; L’âme de la nature (Sheldrake, 2001).

1 commentaire:

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