dimanche 3 novembre 2013

Qu'est-ce qui pousse où ? pourquoi ? comment ? et avec qui ?

Les végétaux sont des êtres vivants certes dotés d’une adaptation particulièrement remarquable, mais sont néanmoins "territoriaux". Ils ne se développent pas n’importe où, n’importe comment ni avec n’importe qui. On ne trouve pas, par exemple (et pour l’instant du moins, allez savoir ce que la Vie nous réserve ?) de Manguier (Mangifera sp., arbre des zones tropicales) sous nos latitudes, ni de Génépi (Artemisia glacialis, plante des roches de hautes montagnes) en forêt équatoriale ! Et il n’est pas n’ont plus concevable de retrouver côte à côte un Séquoia géant (Sequoiadendron gigateum, arbre géant des forêts tempérées Nord-Américaine) et un Figuier de Barbarie (Opuntia ficus-indica, plante de la famille des Cactus, des milieux secs).

A travers ces deux exemples se dégagent deux notions. D’une part, qu’une unité de type de végétation semble associée à des conditions géologiques et climatiques particulières au sein d’une aire géographique donnée – on parle de biomes (du grec bios, vie) ; d’autre part qu’il existerait une forme d’association des végétaux mettant en évidence la façon dont ils vivent entre eux, leurs dynamiques et leur évolution – il s’agit de la phytosociologie (ou vie sociale des végétaux).

Aussi, biomes et phytosociologie s’associent forcement à des notions de géologie (étude de la Terre) et de pédologie (du grec pedon, sol, terre ; étude du sol) qui vont être des outils permettant à la phytosociologie et à l’étude des biomes de s’articuler.

Ce week-end donc, c’est un vaste programme qui nous attend. Loin d’être des sciences exactes, ces études nous permettent d’avoir une idée assez précise de l’écologie d’un milieu observé, quel que soit l’endroit sur terre où nous nous trouvons, et donc nous informer du climat, de la nature du sol ou encore des espèces végétales susceptibles d’être rencontrées. Cela constitue un critère majeur pour notre futur activité en tant qu’ethnobotaniste, nous permettant d’avoir toutes les cartes en main pour analyser au mieux le milieu dans lequel nous évoluons, ses caractéristiques et ses dynamiques, et d’avoir l’opportunité de savoir nous adapter à ces observations. Pour l’approche phytosociologique, nous pouvons la concevoir depuis deux angles distincts :
  • La présence de certaines plantes dans un milieu donné permet d’en déduire les caractéristiques écologiques ;
  • Les caractéristiques écologiques d’un milieu permettent d’aider à l’identification de certains végétaux ou mettre en évidence la végétation potentielle de ce milieu.

Elle est un formidable outil de lecture du paysage, quelle que soit l’échelle de grandeur (de la grande forêt à un petit biotope de quelques dm²) et nous permet surtout de prendre conscience d’un caractère fondamental du vivant : le dynamisme. Le dynamisme est sans doute le caractère naturel qui donne le plus de fil à retordre à nos scientifiques, en particulier dans l’élaboration et le suivi rigoureux du code CATMINAT. Ce code, qui se veut classer et catégoriser les types de milieux écologiques est confronté au dynamisme, qui veut qu’un paysage soit en constante évolution, que ce soit par naturellement ou par la main de l’homme. Aujourd’hui, telle friche possède tel ou tel caractère, présente telle ou telle espèce végétale, mais demain… demain, elle aura évolué. Rien n’est figé. Pas même les forêts primaires. Elles sont aussi soumises au dynamisme évoqué plus haut. Et si d’aucuns s’empresseraient de leur trouver une quelconque justification morale, sage ou philosophique susceptible de leur conférer une valeur dont elles seraient plutôt dépourvues en elles-mêmes, rappelons que la terre entière est un gigantesque bouillon de vie en mouvement, créant et faisant disparaitre des espèces, façonnant sans cesse les paysages, et que cet élan évolutif continuera bien après l’homme. Alors, tenter de comprendre les mécanismes sous-jacent à l’évolution, oui ! mais strictement les classer, non ! Il faut savoir faire preuve d’humilité, et apprendre à considérer la nature autrement que par les principes mécanistes hérités du siècle des Lumières.

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