samedi 30 mars 2013

Statistiques renversantes



La conclusion du dernier post fournit une parfaite introduction à celui-ci. Je citerai par ailleurs le titre d’un article écrit et diffusé par le Dr Françoise Flesch, qui en dit long sur notre perception du monde végétal et montre à quel point notre séparation d’avec la Nature est profonde :
            « Plantes toxiques, les dangers du retour à la nature »
Ou comment alimenter plus profond encore le sentiment d’insécurité qui nous hante et dicte nos vies.
Continuons donc à castrer la nature sauvage et hostile (ce que l’on pense à tort !), et continuons donc de bétonner l’équivalent d’un département français tous les 7 ans…
Comme pour toute chose, il convient d’observer un peu de relativisme.

Paracelse nous l’a clairement dit : « Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose fait qu’une chose n’est pas un poison » (Alle Dinge sind Gift, und nichts ohne Gift; allein die Dosis macht das ein Ding kein Gift ist), souvent mal traduit par « Tout est poison, rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison ».

En Europe, on recense (seulement) 1,25 % de plantes toxiques mortelles à doses faibles ou moyennes et on en a peur, alors que 80 % de nos plantes d’appartement sont toxiques et on n’y prête guère attention… Dans l’inconscient collectif, c’est toujours la nature sauvage qui est dangereuse, pas celle domestiquée, pas celle sur laquelle nous avons soit disant le contrôle.
Par contre, peu de personnes se soucient des éventuels pesticides et autres composés chimiques qui dansent dans leurs assiettes, de la quantité de chlore qui nage dans l’eau qu’ils boivent, ou des substances nocives qui flottent dans l’air qu’ils respirent. Mais ça, c’est une tout autre histoire (cf. la gaie toxicité).

Revenons aux chiffres.
Dans le monde, 5 millions de morts par an à cause du tabagisme ; 346 000 morts par an d’intoxication (quelle qu’elle soit : venin, javel, médicaments, plantes toxiques, etc.).
En France, on recense 7700 appels  par an aux Centre Anti Poison pour des intoxications végétales. Mais attention ! Il s’agit d’appels, ce qui ne nous renseigne pas sur la gravité des intoxications, ni même si ce sont de réelles intoxications. L’appel en panique d’une mère de famille au CAP parce que son enfant mâchouille quelques feuilles de pissenlit, ou suçote quelques fleurs de trèfle, sera répertorié ! Sur ces 7700 "cas", 78 % sont sans symptôme, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’effets indésirables apparus à la suite de l’absorption ; 11 % concernent des intoxications non graves (symptômes légers).

Ces chiffres concernent à 85 % des enfants de moins de 11 ans. Peut-on dès lors parler des dangers du retour à la Nature ? Ce qui était de l’ordre de l’instinctif chez l’enfant, et plus globalement chez l’humain (cueillir pour se nourrir), est devenu un danger par méconnaissance, à travers la perte de la transmission orale des savoirs traditionnels des usages des plantes.

95 % des intoxications avec symptômes concernent une cinquantaine de plantes dont une quinzaine de plantes sauvages (la flore européenne comporte environ 12 000 espèces...).

320 000 cas d’intoxications végétales en France depuis 1970 causant la mort de 18 personnes dont 15 par empoisonnement volontaire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes…

Alors moi je vous invite chaudement au "retour à la Nature" ;)

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