Quel est le lien entre gastronomie, partage, bien être et
nous les hommes ? Les plantes sauvages, naturellement ! Autrefois
source principale de nourriture, puis tombées dans l'oubli vers la fin du
Moyen-Age, elles reviennent aujourd'hui sur le devant de la scène.
Le genre Homo est apparu il y a environ 3 millions
d'années et, pendant 2 990 000 ans, il s'est essentiellement nourri de plantes sauvages. L'image de nos ancêtres vêtus de
peaux de bêtes et consommant la viande chassée en grande quantité a été quelque
peu faussée. L'homme a besoin de manger des végétaux, c'est physiologique. Et même si la part des végétaux s'est amoindrie avec le temps, ils sont toujours présents.
C'est avec l’avènement de la culture des plantes et la
domestication des animaux que l'on voit décroître la part des plantes sauvages
dans l'alimentation humaine.
Toutefois, et malgré les clivages entre les classes
bourgeoises et paysannes, l'une se nourrissant de produits dits
"valorisants", souvent issus d'expéditions lointaines et onéreuses,
l'autre rendue à se nourrir de "racines" et autres "mauvaises
herbes", les traditions liées aux usages des plantes ont plus ou moins bien
traversé les âges. Comment la cueillette et ses traditions séculaires ont-elles
pu résister face aux effets conjugués de la conquête du pouvoir par acquisition
des richesses et du développement récent
de l'industrie agroalimentaire ?
Heureusement, quelques "illuminés", comme le poète
Horace - qui gardait plutôt la tête froide par rapport aux modes décadentes des
riches Romains de l'époque - qui préférait les légumes cueillis dans la nature aux mets
raffinés des patriciens, ont su déceler les milles vertus des plantes sauvages.
Nourriture du corps et de l'esprit, elles répondent non seulement à nos besoins
fondamentaux (se nourrir, se chauffer, se vêtir, se soigner, etc.), mais aussi
certains de nos besoins culturels.
Pour notre corps, elles sont une incroyable source de
nutriments ! Grâce aux nouvelles technologies, on peut aujourd'hui en
connaître précisément la teneur. 3 fois plus de calcium dans le pissenlit que
dans le lait de vache, autant de fer dans la menthe sylvestre que dans le foie,
30 fois plus de vitamine C dans le cynorhodon que dans l'orange, 40% de
protéines équilibrées en acides aminés(1) dans
l'ortie contre une vingtaine dans les meilleures viandes : de quoi tordre
le cou à certaines idées reçues largement véhiculées par nos chers média, et
pourquoi pas enrayer les problèmes de malnutrition dans le monde (cf. article malnutrition).
Les plantes sauvages regorgent également de principes actifs médicinaux. Même les plus toxiques s'avèrent, à dose homéopathique, des
alliées de taille face à certaines maladies (on emploie par exemple l'aconit
comme sédatif des névralgies faciales, des tics douloureux et de la toux. A
faibles doses, elle agit aussi sur l'enrouement des chanteurs). Hippocrate le
savait déjà : "que ton aliment soit ton médicament" résonne encore
dans toutes les têtes. On privilégiera donc la prévention : "mieux
vaut prévenir que guérir !" Mais attention ! Il est hors de
question d’utiliser les plantes toxiques en automédication : la limite
entre effet médicinal positif et toxicité, voire mort est plus que ténue !
Source de bien être, de liberté, de partage, etc., les plantes sauvages sont une aubaine. Elles nous
permettent, à condition de s'y intéresser, de prendre conscience de l'ampleur
de notre impact sur l'environnement, de nous rendre compte à quel point nous
scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Miroir des cultures, elles
sont un patrimoine en péril avec lequel il nous faudra, tôt ou tard et au gré
des crises énergétiques, sociales, politiques ou économiques futures, renouer.
Nous ne pouvons et ne devons plus continuer à développer nos besoins sur ces
modèles. "Le changement, c'est maintenant !", comme dirait
l'autre...
(1) les plantes vertes sont capables de fabriquer des
acides aminés à partir d’éléments qu’elles puisent dans le sol et du CO2
atmosphérique. La plante les combine ensuite entre eux pour former des différentes
protéines. Les animaux par contre sont incapables d’effectuer la synthèse du
groupe aminé caractéristique de tous les acides aminés. Ils peuvent néanmoins
déplacer ce groupe aminé pour le placer sur une autre substance de l’organisme
afin de fabriquer un acide aminé différent. Chez l’homme, seuls huit acides
aminés échappent à cette synthèse et doivent donc être apportés tels quels par
l’alimentation. On les nomme "acides aminés essentiels". Si les huit
acides aminés essentiels sont présents dans un aliment en proportions à peu
près semblables, on dit que la protéines est équilibrée en acides aminés car
notre corps peut l’utiliser efficacement. (voir aussi l'article : les sacro-saintes protéines)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire